Le Courrier des Balkans – Juillet 2018
Mostar-Ouest, dans la partie croate de cette ville divisée de Bosnie-Herzégovine, la finale de la Coupe du monde 2018 France-Croatie a été très regardée. Et malgré la défaite des Vatreni (2-4), il y avait comme un parfum de victoire. Avec Sidonie Hadoux
Dimanche après-midi, Mostar pavoisait aux couleurs de la Croatie. À quelques heures du coup d’envoi de la finale de la Coupe du Monde, dans les quartiers de Mostar-Ouest, les drapeaux croates flottent aux fenêtres, les voitures sont plastifiées de damiers rouges et blancs, les coups de klaxon annoncent l’ambiance. À 17h tapantes, les bars sont bondés, le son de l’écran est ajusté. La jeunesse croate d’Herzégovine est tendue, concentrée.
Des voitures de police quadrillent le quartier. La précaution est de rigueur dans cette ville divisée depuis 1993 entre Croates à l’Ouest et Bosniaques à l’Est. Les tensions sont toujours palpables et de nombreux jeunes de l’une ou l’autre communauté ne traversent que bien rarement le Stari Most, le vieux pont qui enjambe la Neretva. « Il y a quelques années encore, la ville pouvait être paralysée lors d’un match de la Croatie et les supporters faisaient des dégâts énormes », explique Fedja.
Alors que Mostar-Ouest se crispe de plus en plus au fil des occasions ratées, Mostar-Est apprécie un dimanche estival ordinaire. Ahmed vit aujourd’hui aux États-Unis. Chaque été, il emmène ses trois fils dans sa ville natale. Ce soir, il soutient la France : « Moi, je n’ai rien à voir avec la Croatie », jure-t-il.
Coup de sifflet final. Côté croate, la défaite a malgré tout un goût de victoire. Feux d’artifice, pétards… Un cortège fait le tour du quartier. Un supporter explique qu’il se considère lui-même « plus croate que bosnien » et entonne un chant patriotique. La nuit tombe sur la ville. La défaite était belle.
Clémentine Méténier 
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