Portraits au Village Olympique de Grenoble : Aimée et Gaby

Gremag.fr Janvier 2018

50 ans après la construction du Village Olympique pour accueillir les athlètes des Jeux Olympiques de 1968 à Grenoble, le quartier vit toujours, tiraillé entre son histoire particulière et son étiquette de « quartier populaire » grenoblois. Rencontre avec ses habitants, qui tentent de le faire vivre au jour le jour.

http://www.gre-mag.fr/actualites/aimee-et-gaby-un-amour-de-quartier/

Dans la nuit du 23 janvier 1968, deux semaines avant le coup d’envoi des Xèmes JO d’hiver, une famille débarque au Village Olympique de Grenoble, trois enfants et les bagages sous le bras. Ils arrivent de Montchanin, un village ouvrier de Saône et Loire. Lui, Gaby, est salarié dans une fonderie. Elle, Aimée travaille dans une tuilerie. Elle ramasse 6000 tuiles par jour, de 4 kg chacune…

À la trentaine, ils ont décidé de tout plaquer. Gaby se souvient : « Un ami nous a appelés un beau matin en nous disant de rappliquer à Grenoble car il y avait du travail au Village Olympique, à l’approche des Jeux ». À ce moment là, aucun logement ne peut leur être loué : « On a dû loger dans le centre social tout neuf, c’était un logement provisoire du VO » sourit Aimée, presque nostalgique. Depuis le balcon, ils seront aux premières loges pour assister à l’allumage de la torche olympique par le patineur Alain Calmat.

Pendant quinze jours, ils vivent les jeux « dans une euphorie assez étonnante » se rappelle Aimée. « Nous avons côtoyé des athlètes des sports de glace, du patinage, du hockey, mais aussi des visiteurs du monde entier… » ajoute Gaby. Des sports qu’ils découvrent en même temps qu’ils apprivoisent cette ville entourée de montagnes. Aux lendemains de la quinzaine, un logement est proposé au couple : « Tout était triste, tout noir, et nous, on visitait tous les appartements qu’on voulait ! ».

Quoi qu’il en soit, cinquante ans plus tard, alors que rien ne les prédestinait à s’installer dans la capitale des Alpes, Aimée et Gaby habitent toujours l’appartement qu’ils ont choisi ce 19 février 1968 !

« Ce VO, c’était une formidable aventure »

Qui mieux qu’eux pour parler de l’évolution du VO ? « Ce qui m’a bluffée à l’époque, c’est que tout était prêt pour accueillir les habitants, alors que le VO aurait pu n’être qu’un espace transitoire pendant le temps des épreuves comme beaucoup d’autres villages olympiques. »

Aimée dit vrai : commerces, écoles, jardins étaient préparés. Il ne manquait plus que les habitants, qui ne tarderont pas à arriver dans le quartier. En même temps que les projets pour son animation. Gaby est embauché à l’atelier bois de la MJC car « il fallait construire des étagères pour tous les nouveaux habitants ! »

Pendant ce temps Aimée donne des coups de main au centre social avant d’avoir un travail à l’accueil du lieu. « Vivre la naissance d’un quartier et en être acteur aura été extraordinaire » résume-t-elle, « c’était une formidable aventure ». Et puis, il y a eu des désillusions « et des grands malheurs » chuchote Gaby, comme l’incendie de la MJC le 17 mai 1992, celui du Théâtre Prémol en avril 2015 ou encore celui du bâtiment désaffecté où vivaient des personnes en demandes d’asile en mars 2017. « Ça n’a pas non plus été facile de vivre l’appauvrissement du quartier, avec la disparition progressive de tous les commerces. On les a vus tous fermer petit à petit, et on côtoie une jeunesse qui subit les difficultés de son temps » s’attriste Aimée.
Toutefois, pas question de partir du quartier pour les octogénaires, « sauf si vraiment on ne peut plus monter les escaliers ! » rit Gaby de bon cœur.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Propulsé par WordPress.com.

Retour en haut ↑

%d blogueurs aiment cette page :